Un Suisse de 43 ans a tranché la gorge de son fils de 3 ans avec un cutter avant de tenter de se suicider. L'enfant est grièvement blessé.
Elle m'aimait, j'en suis certain. J'étais le seul,
son avenir, son port d'attache. Avant qu'il ne vienne. Ils me diront que je
l'ai voulu, mais je n'ai jamais eu le choix. Elle me parlait de son besoin
de donner la vie, je lui avais donné la mienne. Elle voulait mettre
au monde un être, j'étais sur terre pour elle. Je pensais que
ça ne durerait que quelques mois, le temps de l'allaitement, et qu'elle
me reviendrait. Les mois sont devenus des années et je ne la retrouvais
plus. Elle partageait son amour, son temps, ses caresses. Je garde l'impression
que ce n'était pas à parts égales. Il était tout
le temps là, même lorsque nous sortions à deux. Elle y
pensait, s'inquiétait, me reléguait au second plan. Nous n'avions
plus de nuits les premiers mois. Ensuite nous ne pouvions plus partir les
week-ends marcher en montagne. Je crois que j'ai compris quand il se mit à
venir se coucher entre nous. Si je lui en parlais, elle me souriait et détournait
la conversation en me demandant si je ne le trouvais pas magnifique. Non.
Il ne me ressemblait pas, il n'était pas mon portrait et je ne voulais
pas partager ma femme avec lui. Il portait mon nom, mais m'enlevait celle
que j'aime. Il m'appelait papa, comme pour me signifier que j'approchais l'âge
où l'on est vieux alors que lui avait tout devant lui. Elle l'appelait
mon chéri et n'utilisait plus que mon prénom. Lorsqu'elle a
décidé que nous devions passer du temps ensemble, j'ai compris
qu'il n'avait jamais fait d'effort pour la connaître. Il voulait tout
savoir, posait des milliers de questions. Il regardait partout, voyait tout
et retransmettait, le soir, à sa maman qui l'écoutait amoureusement
raconter ce que je faisais. Dans le garage je voulais remettre de l'ordre.
Il me regardait faire et me demandait l'utilité de chaque outil. Le
cutter jaune était dans ma main. Quand je lui ai dit que cela servait
à séparer les choses, à couper des liens, j'ai joins
le geste à la parole. Le sang a giclé, immédiatement.
J'ai posé ma main sur la plaie. A peine j'avais hurlé à
l'aide que je savais qu'elle le dorloterait encore et encore, qu'elle lui
donnerait son temps. J'étais tout pour elle. Avant lui. Si moi aussi,
je saignais, elle partagerait son temps et son attention en deux, peut-être.
Il ne l'aura pas encore pour lui tout seul.